Pour les gens qui me suivent sur les réseaux sociaux, prennent rendez-vous avec moi ou écoutent mes conférences, je dois sonner comme un disque qui saute! Je parle toujours d'écrire moins, mais plus souvent, afin de garder le rythme et le moral. Le plus gros problème des gens qui veulent écrire mais n'y arrivent pas, c'est de se juger négativement. Dès qu'on commence à penser qu'on n'en fait pas assez, notre motivation décline.
Pour moi, quand il est question d'écrire un roman, ou du moins un récit suivi, le plan est l'outil anti-procrastination (et donc, anti-autodépréciation) numéro un.
Toutefois, ça fait peur à beaucoup d'écrivains-es de parler de plan. Elles et ils ont l'impression qu'on veut restreindre leur créativité, les enfermer dans un carcan. Un plan n'est pourtant qu'un simple outil, comme je le disais. On n'est pas «marié avec», et on peut tout à fait y déroger! L'idée, c'est simplement de savoir où on s'en va pour ne pas avoir le prétexte de ne «pas avoir d'idée» afin d'éviter son ordinateur! Si on a dressé un plan, on sait toujours ce qui vient après (grosso modo).
On peut décider de prendre une autre direction quand même. Bien sûr, quand on écrit une histoire, on développe plusieurs éléments qui prennent de la place et l'enrichissent, ce qui peut nous amener ailleurs. Le plan est finalement l'équivalent d'un filet de sûreté.
Il aide aussi sur plusieurs plans:
Régler des problèmes d'intrigue. Quand on dresse les grandes lignes, ça permet de voir ce qui manque, ce qui est de trop. On peut repérer les indices importants à disséminer dans le récit. Le texte est donc mieux tissé.
Prévenir les problèmes de chronologie – qui sont les problèmes les plus communs lors de l'édition de livres. Quand le personnage a des cours de danse le lundi soir, il doit en avoir tous les lundis soir. Si la narratrice commence l'école en septembre, on ne peut pas fêter l'Halloween deux semaines plus tard. Ça semble simple dit comme ça, mais vous seriez surpris-es de voir ce qu'on lit parfois! D'ailleurs, je vous dirais ceci: si vous n'êtes pas à l'aise de composer un plan avant d'écrire le livre, je vous conseille fortement de dresser un calendrier à mesure, voire a posteriori. Et même les écrivains-es qui me fournissent ce type de document font des erreurs! On doit s'y mettre à trois (auteur-trice, coach littéraire, réviseur-euse) pour en venir à bout!
Coordonner les points de vue multiples. Je vous présente ici un extrait du plan (mis à jour a posteriori) de mon roman Comme deux gouttes d'eau, où je présentais les points de vue de deux jumelles en alternance. Je m'étais mis une contrainte supplémentaire, celle que leurs chapitres respectifs se déroulent en même temps (je ne me suis pas facilité la tâche). Il devenait impératif de savoir ce qui arrivait quand, afin que les scènes où elles se rejoignaient fonctionnent. Leurs évolutions devaient être cohérentes. Donc, ici: j'ai la date, le titre du chapitre pour chacune, puis ce qui se passe grosso modo dans chaque chapitre.
C'est sûr que chaque personne travaille différemment. Je n'utilise pas nécessairement un plan détaillé pour tous mes livres – pas en poésie, en tout cas! J'espère au moins vous convaincre d'établir un calendrier au fur et à mesure. Comme on dit: c'est un game-changer!
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